News

J’ai testé: le stage de survie grand froid

S'orienter Savoir lire une carte et suivre une boussole est un élément essentiel de la survie, et ce n'est pas si facile que ça !

Stage de survie grand froid dans le Jura

A Noël dernier, je ne sais pas quelle idée saugrenue m’a pris de demander un stage de survie grand froid. Ok j’aime la Laponie et le Grand Nord. Ok je ne suis pas frileux. Ok j’ai toujours eu envie de dormir dans un igloo ! Pourquoi pas…
Après avoir reçu avec étonnement et ricanement les remarques familiales et moqueries les collègues doutant me revoir le lundi matin, je partis dans le grand nord seul avec mon duvet grand froid, mon couteau et ma ****, et quand même quelques affaires (vêtements techniques, gourde, mais pas de nourriture ni de briquet ou allumettes).

De longues heures de voitures plus tard, arrivant dans la neige, sous une presque tempête, la Laponie est à moi, prêt à m’offrir ce qu’elle a de plus dure, les températures et l’isolement les plus extrêmes, m’aider à me forger une expérience et un moral d’acier.

Bon, ce n’est pas vraiment la Laponie, plutôt le Jura. L’isolement, il est dans un gîte très sympa où tous les « stagiaires » et l’instructeur, Denis Tribaudeau se retrouvent le vendredi soir avant le grand départ, prévu aux aurores le samedi matin.

L’arrivée au gîte de La Pesse, dernière nuit dans un lit

Oui bon, à bien y regarder, nous ne partons que 2 jours au final, une nuit dehors à bivouaquer, ce n’est pas si terrible que ça.
La soirée est plutôt sympa, Denis nous parle de ses différentes expériences de survie, comment il en est arrivé là, les autres stages qu’il propose au Maroc, en Thaïlande ou encore dans le Périgord. Il insiste beaucoup sur la notion de groupe, expliquant que dans chaque groupe, il y a forcément un boulet (le terme utilisé étant plutôt maillon faible je crois) – et là je pense que nous sommes plusieurs à nous dire « pourvu que ce ne soit pas moi ». Surtout qu’il y a deux hommes, la cinquantaine, soit disant sportifs et montagnards, dont un donnant l’impression de vivre assez à la roots, mettant un peu la pression sur les jeunes d’aujourd’hui ne sachant plus vivre avec la nature. Allons-nous coucher. J’ai eu froid dans cette chambre de gîte pas super bien chauffée (qu’est-ce que ce sera dans l’igloo), entouré de 7 hommes, oui ce sera un stage d’hommes !!!

Le réveil est assez rapide le matin, petit déjeuner et à 9h, nous sommes sur le départ, sacs sur le dos, temps gris, assez chaud (températures positives, pas les meilleures conditions), et nous partons dans la « montagne » (ou grosse colline) pour 5 heures de marche dans la neige assez profonde, on s’enfonce bien jusqu’aux genoux. Intéressant de voir les quelques denrées qui pourraient servir, les aubépines, les arbres, lichen, et apprendre à se repérer et s’orienter.

stage de survie départ

Départ des stagiaires stage de survie

stage de survie

Randonnée dans le jura

Belle et difficile randonnée à travers les montagnes

Chaud aussi, ayant pris des affaires techniques mais chaudes, marcher avec quelques kilo sur le dos dans la neige n’est pas une partie de plaisir, un bon -10 aurait permis de faire refroidir les machines. Ça monte, ça descend, et au bout d’une heure, le super papa roots est déjà loin derrière, nous l’attendons, serais-ce lui le boulet?

Rando stage de survie

Randonnée, ça monte, la fatigue se fait sentir pour certains

Piste chiens de traineau

On a même croisé des chiens de traîneau pendant la randonnée

Apprendre l’orientation, trouver le lieu du bivouac à travers les pins, sous la neige qui fond et nous coule dessus sous les arbres, et la pluie qui fait son apparition sur les vallées dégagées, nous arrivons en début d’après-midi sur le lieu du bivouac, magnifique, isolé, juste dommage que le temps ne soit pas de la partie…

S'orienter

Savoir lire une carte et suivre une boussole est un élément essentiel de la survie, et ce n’est pas si facile que ça !

Construire son igloo et son feu

Aussitôt arrivé, il y a déjà 2 igloos construits la semaine d’avant, mais nous partons dans la construction d’un nouvel abris pour bien comprendre la technique, et deux bonnes heures, à 7 (moins le boulet qui est parti chercher 2 branches pour le feu avant d’aller se coucher dans un des igloos), sous une pluie de plus en plus abondante, nous de plus en plus trempés.

construction de l'igloo

L’igloo, ce n’est pas si simple à construire

construire un igloo

L’igloo est bientôt terminé, nous sommes trempés

igloo survie

Mais il nous protégera, qu’il pleuve ou qu’il fasse -20 dans la nuit (on peut rêver)

Construire un feu maintenant, Jack n’est pas loin, du moins son esprit, aller chercher des branches mortes, trempées, dubitatifs sur le fait que ça brûle  le froid commençant quand même avec l’humidité ambiante à nous gagner, et même se demander « qu’est-ce que je fous là?, je serais quand même mieux sur mon canapé devant Patrick Sébastien« .
Il nous a d’abord fallu « travailler » le bois, ôter la couche externe mouillée, faire des petits copeaux qui s’enflammeront plus facilement. Puis préparer l’amadou qui permettra à l’ensemble de s’enflammer, c’est très technique, surtout sous la pluie. 45 bonnes minutes seront nécessaires pour que le feu prenne enfin, après avoir essayé avec des firesteel suédoises, c’est en court-circuitant une pile de lampe que l’étincelle fera partir ce feu du bonheur.

Le feu, un réconfort et le bonheur simple

Le renouveau, la chaleur, la possibilité de faire sécher les vêtements, d’avoir une lumière rassurante, cuire, faire chauffer de l’eau, le feu est vraiment l’élément essentiel dans des cas de survie, et même si nous ne sommes en situation difficile que depuis le matin (il doit être 17h environ), nous n’avons rien mangé de la journée, nous sommes beaucoup dépensés, sous la pluie avons eu froid, chaud pendant la marche, quel bonheur de pouvoir enfin se poser !
Il doit être 18h environ, nous sommes tous fatigués, il pleut, mais une bâche nous protège un peu, avec par contre l’inconvénient de nous enfumer et nous faire cracher nos poumons. Nous restons ainsi un certain moment à discuter survie, quoi faire, comment ne pas jouer les héros mais penser au groupe, ne jamais abandonner un partenaire qui serait en difficulté (le nôtre est d’ailleurs en train de dormir dans l’igloo), se signaler, bref, bon nombre de bases qui sont au final du pur bon sens souvent oublié, surtout en situation de crise.

Construire un feu

Le feu, 45 minutes à faire démarrer, mais quel soulagement ! Un élément vraiment important pour la psychologie

Fabriquer un arc

Fabriquer un arc, utiliser correctement son couteau feront parti des ateliers du stage de survie

Fabrication d’un arc à base de bois de hêtre (si mes souvenirs sont bons), puis recherche d’extrémités de branches de sapins à faire infuser avec de la résine dans la neige fondue et réchauffée pour nous en faire des tisanes: ce soir nous ne mangerons pas ! Malgré les nombreuses heures d’effort et de galères, l’ambiance est bon enfant, nous trinquons avec nos infusions qui nous réchauffent le cœur et le corps, puis avant d’aller nous coucher, atelier piégeage où nous apprenons à fabriquer un collet pour attraper des lapins, nous posons nos pièges et allons nous coucher dans nos igloos.

Dormir dans un igloo

L’igloo c’est sympa, mais pas très pratique, il faut y aller un par un, le temps que chacun son tour on se change, s’installe, car une fois posé difficile de bouger. Une partie de mes affaires entreposées et qui étaient humides sont maintenant gelées et toutes raides, on espère que la nuit sera quand même reposante !

nuit dans igloo

Promiscuité, ne pas perdre ses affaires, c’est la vie et une organisation à avoir à l’intérieur de l’igloo

Au final, très bien dormi, bien au chaud (presque trop) dans le duvet fait pour supporter jusqu’à -20 (alors qu’il doit faire autour de 0 à l’intérieur), et le réveil est plutôt magique: la lumière extérieure bleute l’intérieur, il fait grand soleil dehors et après la journée de la veille, c’est quand même très très appréciable !

Interieur de l'igloo

Le soleil a fait son apparition, c’est l’heure de se lever

Rallumer le feu et manger le fruit de la chasse (presque)

Nous rallumons le feu, puis allons relever nos pièges, malheureusement nous ne mangerons rien ce matin. Sauf que Denis sort de son igloo en dernier, un beau lapin donné par un agriculteur, que nous allons joyeusement apprendre à dépecer (ce qu’il nous explique aussi, c’est quand c’est bien beau de poser des pièges, mais faut-il encore avoir le courage d’achever la bête et même si elle est morte de s’en occuper sachant qu’on l’a tuée, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde).

lieu du bivouac stage de survie

Le soleil est là, le lieu du bivouac est très agréable

Aller relever les pièges, ventre vide depuis 24 heures ! Mais ce ne sera pas un succès...

Aller relever les pièges, ventre vide depuis 24 heures ! Mais ce ne sera pas un succès…

Ce lapin sera cuit fumé au feu de bois, pour ma part ce fut le meilleur lapin de ma vie, je l’en remercie encore (le lapin, comme le font les cultures inuits ou indiennes en remerciant l’animal qu’elles ont tué pour ce qu’il va leur apporter).

Lapin de survie

Le meilleur lapin de survie du monde

Ranger le camp de base, et retrouver le chemin

Nous « réparons » et rangeons le camp, c’est-à-dire que nous nous assurons qu’il ne reste aucune trace de notre passage (mis à part les 3 igloos maintenant et des restes de feu), puis nous repartons pour une marche d’orientation à travers les magnifiques paysages jurassiens ! Nous sommes bien reposés, et nous nous partageons les affaires (imposantes) de notre maillon faible pour rentrer.

Combes jurassiennes

Magnifiques paysages sous un beau soleil et une température parfaite (-5 je pense) pour rentrer

Jura stage de survie

La marche est facile, le terrain est dur, il ne pleut pas !

Retour stage de survie

Le retour se passe bien, on attend tout le monde, solidarité maximum !

Retour a la civilisation

Et voila, retour de modernisme, plus que quelques kilomètres…

Après l’effort, le réconfort et la raclette

Malgré cela (au final il ne porte plus rien, le chemin est tracé car nous suivons des traces de chiens de traîneau  il n’est plus du tout dans l’esprit, et nous prenons au plus court pour rentrer au gîte, prendre une bonne douche, et manger une bonne raclette en se remémorant ce stage de survie, comment nous l’avons vécu, et ce que nous en ferons. Pour ma part, c’était un moyen de mettre en application des techniques, théories que je peux lire dans les nombreux ouvrages sur le grand nord et les explorateurs que je dévore, en me préparant éventuellement un jour à partir en expé à mon tour.
Je regrette seulement le stage un peu court, car au final, nous n’avons pas le temps de se mettre en danger psychologique, juste sortir pendant quelques heures de sa zone de confort (même si on a pu voir qu’au moins pour une personne se disant « roots » ça avait été trop difficile), en se disant que le lendemain on retrouverait tout le confort moderne !

Maintenant, un stage de plusieurs jours en Laponie par exemple, en sachant qu’il n’y a pas âme qui vive sur des kilomètres, m’intéresserait énormément !!!

Le retour fut finalement le plus difficile, sous une tempête de neige, l’autoroute gelée et enneigée, c’était ça la vraie aventure…

A propos Laponico (624 Articles)
Passionné des régions nordiques et scandinaves. J'ai plusieurs voyages à mon actif, en Laponie suédoise, norvégienne et finlandaise, ainsi que dans d'autres régions de ces pays. J'aime les grands espaces, la nature et je pratique le karaté et la course à pieds/trail. N'hésitez pas à me contacter.

8 Commentaires le J’ai testé: le stage de survie grand froid

  1. Voilà une aventure bien givrée! J’ai une petite question technique: on dirait plus un quinzee qu’un igloo. Au canada quand j’avais vécu un expérience similaire (rando en traîneau à chien + dodo dans la neige), les Canadiens étaient très à cheval sur la différence entre quinzee et igloo! Ils en disent quoi dans le Jura?

    • Il s’agit d’un igloo !
      Je ne connaissais pas du tout ce terme de Quinzee, mais en regardant sur wikipedia, il s’avère qu’il s’agit d’un trou fait dans un amoncellement de neige, alors que l’igloo c’est un empilement de briques de glaces !

  2. Bon, ce n’est pas moi qui va me moquer vu que j’ai fait un stage dans l’armée d’une semaine (alors que j’ai aucune envie d’être militaire) (mais ce genre de défi ça m’éclate 🙂 ). En tout cas, super intéressant je trouve, même si tu ne mettras pas forcément tout en pratique, je trouve ça intéressant d’aller au delà de ses limites et de se surpasser !

    • han un stage militaire…ça devait être rigolo, même si pour le coup je déteste l’armée, par contre je me ferais bien d’autres stages de survie, pas spécialement grand froid, car c’est marrant, t’a ce côté dépassement de soi, mais aussi apprendre des trucs…

  3. Une belle expérience ! Ca devait être très intéressant et de quoi être dépaysé ! 🙂

    • Complètement ! Intéressant pour qui est intéressé par un séjour un peu roots en hiver…et bien sympa au niveau de l’ambiance.

  4. Mon frère l’a fait, dans le cadre de sa formation accompagnateur en montagne.

8 Trackbacks & Pingbacks

  1. Saint Nicolas | Carnets Nordiques
  2. Danger raid solo en Laponie | Carnets Nordiques
  3. Abri en Laponie | Carnets Nordiques
  4. Aventure en Laponie | Carnets Nordiques
  5. Le sac pour mon raid en Laponie | Carnets Nordiques
  6. Vidéo survie Denis Tribaudeau | Carnets Nordiques
  7. Pantalon Forclaz 900 warm de QUECHUA | Carnets Nordiques
  8. The Island : Seuls au monde | Carnets Nordiques

Répondre à LadyMilonguera Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.